Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Marguerite verra son tuteur, dit-elle à Georges.

M. Descat est si singulier que peut-être n’acceptera-t-il pas notre invitation à la campagne.

En réalité, ce qu’elle n’avouait pas, c’est qu’elle voulait sonder l’opinion publique dont elle était un peu inquiète à propos de son second mariage.

M. Delorme, bavard comme tous les imbéciles, M. Chanteclair, fort au courant, grâce à son désœuvrement, du moindre bruit de la petite ville, devaient lui fournir tous deux les renseignements qu’elle désirait.

Ils ne trompèrent son espoir ni l’un ni l’autre.

— Que vous êtes restée longtemps loin de nous ! lui dit le docteur en la voyant ; mes belles-sœurs, mes cousines vous attendent. Quant à mes clientes, elles comptent toutes danser chez vous cet hiver, avant même si vous le désirez.

M. Chanteclair fut plus explicite.

— Vraiment, Madame, affirma-t-il à la jeune femme, on ne comprend pas au cercle, le mystère dont vous vous êtes entourée. Pourquoi ne pas vous être remariée au grand jour, en plein midi ? Vous n’auriez eu que des amis autour de vous.

Blanche baissa pudiquement les yeux.

— Son deuil récent, les tristes circonstances qui avaient entouré la mort de M. de Sauvetat…

Mais l’autre l’interrompit.

— Ah ! oui, parlez-en, de M. de Sauvetat ! A-t-il su vous apprécier un seul instant ? À qui vous a-t-il sacrifiée ? Eh bien, si vous entendiez la voix du pays entier, vous n’auriez plus de ces scrupules-là. Vous avez été trop héroïquement malheureuse, Madame, pour n’avoir pas le droit de rechercher un bonheur que vous méritez si bien. Du reste, à part ces hautes considérations, tout le monde comprend que votre grande for-