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— C’est inutile, Blanche d’Auvray, dit la jeune fille, d’une voix solennelle, ne cherchez pas !… Le mort a laissé son secret, mais Dieu le garde !…



III

LA FAMILLE DE SAUVETAT

La famille de Sauvetat était certainement la plus riche et la plus influente du pays.

Originaire d’une petite ville située entre Roqueberre et Auch, M. de Sauvetat avait vu la grande considération qui avait toujours entouré les siens, le suivre à Roqueberre, lorsqu’il était venu s’y installer à la suite de son mariage avec Blanche d’Auvray.

Il possédait cent mille livres de rentes en belles et bonnes terres, situées en plein soleil, sa femme, la moitié environ. Pour toutes ces excellentes raisons on ne tarda pas, comme nous l’avons dit, à le nommer maire de la ville et membre du conseil général.

Cependant, peu de temps après, on dut convenir que la richesse était la moindre de ses qualités.

Son caractère était essentiellement droit et élevé ; il passait à côté des mesquines bassesses de la vie, sans les voir. De ses mains ouvertes, tombaient facilement des sommes considérables qui, distribuées avec tact, apaisaient bien des douleurs et calmaient bien des tourments. C’était un de ces hommes, incapables de jamais soupçonner le mal, à principes arrêtés, à croyances définies et obstinées et que le doute n’effleure pas.

Un seul défaut gâtait tout cela.