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comme son fiancé, de par la volonté expresse de son père, de longs regards pleins d’affection et d’intérêt !

Le soir, lorsqu’il restait après tout le monde, et que madame de Sauvetat lui laissait prendre ses mains qu’il pressait longuement, les yeux de Georges ne disaient-ils pas ce mot adorable : Ma mère ! tandis que sous les longues paupières de Blanche, plus languissantes que jamais, Marguerite croyait lire ce qu’elle lui répondait :

— Oui, je le sais, vous rendrez ma fille heureuse.

Aussi mademoiselle de Sauvetat, tremblante à l’idée de ces premières explications à échanger avec sa mère, rougissait-elle de parler de son secret ; mais sûre de son bonheur, forte de cet amour qu’avait béni celui qui n’était plus, elle ne craignait rien, elle n’appréhendait rien.

Toutes ces réflexions s’étaient présentées à l’esprit de la jeune fille, aussi rapides que la pensée, durant les quelques instants d’hésitation et de silence que Blanche avait laissés s’écouler après ses premières paroles.

— Ton père m’a fait promettre de te marier le plus tôt possible, reprit-elle enfin, mais toujours sans regarder sa fille ; je n’ai pas cru que cela pût se faire avant aujourd’hui, surtout après le double deuil qui nous a frappées.

— Ma mère, dit l’enfant profondément troublée, vous connaissez les convenances ; ce que vous décidez est toujours bien.

— N’est-ce pas ? reprit la veuve avec une certaine vivacité. Eh bien, par convenance aussi, je dois te dire que ton père avait désiré vivement ton mariage, mais sans attacher une importance particulière à celui qui avait demandé le premier ta main, je veux parler de M. Larroche.