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les sœurs et les infirmières de garde allaient se reposer durant la nuit.

Marianne, espérant n’y rencontrer personne à cette heure de la journée, y entra.

La porte ne s’était pas refermée que deux bras caressants la pressaient, et qu’une voix mouillée de larmes murmurait à son oreille :

— N’es-tu pas la plus heureuse ! Vas-tu encore manquer de courage ? Est-ce qu’il t’oubliera jamais ?

— Ô Aimée ! Aimée ! que je t’aime, et que tu es bonne ! répondit Marianne en lui rendant ses baisers.

À quelques jours de là, le docteur Rivière montrait Marianne à la supérieure.

Derrière les lits où les malades commençaient à guérir, la surveillante se reprenait à la vie.

C’était bien toujours la prisonnière pensive et sérieuse ; mais dans ses grands yeux profonds le courage avait rallumé son étincelle ; sur ses traits purs, l’amer découragement avait fait place à une expression de sereine énergie.

— Eh bien, ma sœur, que dites-vous de notre infirmière ? demanda-t-il à la religieuse, il me semble qu’elle entre en convalescence.

— Notre neuvaine est terminée depuis deux jours, docteur, répondit celle-ci, ayez encore le triste courage de nier la puissance de Dieu et de ne pas croire aux miracles !…

Le médecin sourit doucement.

— Chère sœur, dit-il, au dieu qui a fait ce miracle-là, je crois de toute mon âme ; il est aussi vieux que le monde, et il en fera bien d’autres.

— Enfin, vous voilà presque converti ! vous l’avouez !

— Oh ! je n’ai jamais cessé de reconnaître la puissance infinie de cette religion-là, je vous le répète. Et