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Une voix bien connue, grave, profonde, mais légèrement tremblante, avait parlé tout près d’elle.

— De quoi souffrez-vous, ma fille ? demandait le jeune médecin.

Sans avoir conscience de ce qu’elle faisait, Marianne se trouva debout. De ses deux mains elle contenait les battements de son cœur ; ses yeux pleins de larmes ne distinguaient plus ; pâle, blanche, mourante, elle murmurait ces mots que Marie-Aimée comprenait :

— Lui !… lui !… Jacques ici !…

Elle dut s’appuyer au dossier du lit qui se trouvait devant elle.

Les malades préoccupées de cette consultation anormale, ne remarquaient pas son trouble ; le docteur Rivière, depuis un instant, se mouchait avec un bruit de tempête ; les yeux tristes d’Aimée semblaient répéter :

— N’avais-je pas raison ? Hélas ! tu le vois bien, il n’y a que la mort qui soit sans remèdes et sans consolations !…

Seul, Jacques conservait son impassibilité au milieu de cette scène muette ; il était impossible de deviner ses impressions.

— Vous allez me guérir, n’est-ce pas, mon bon monsieur ? disait la malade que le docteur Rivière examinait. Ah ! si vous saviez, je dois être libre dans un mois, il me tarde tant !…

— Pour recommencer vos exploits ? grommela le vieux médecin, d’autant plus amer qu’il s’en voulait davantage de l’émotion qui le tenait. C’est bien nécessaire !

— Non, répondit la malade, il me tarde au contraire de faire le bien. J’ai quatre petits enfants qui m’attendent, il faut que je leur apprenne ce que mademoiselle