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Grave, calme, indulgente, elle ne ressemblait guère, au milieu des autres détenues, à une condamnée subissant sa peine et chassée honteusement de la société. On l’aurait bien plutôt prise pour une créature exceptionnellement grande et dévouée, consacrant sa vie à un apostolat admirable, en un mot pour la compagne et l’amie de la petite sœur aux yeux bleus si tristes.

Ce dévouement, qui prenait une force nouvelle dans les occasions plus fréquentes de se manifester, fut raconté par madame Marie-Aimée à un très grand personnage qui était venu la voir.

Il demanda quelques détails sur la vie antérieure de la prisonnière, et intéressé au dernier point, il proposa d’obtenir pour elle des lettres de grâce.

Pour la première fois, Marianne sortit de son impassibilité, ses traits prirent la rigidité du marbre ; dans ses yeux, un sentiment de hauteur indéfinissable alluma comme une étincelle. Ce fut avec une sorte de fierté farouche, qu’elle repoussa les offres de M. de Riancourt.

— Qui vous assure que ma conduite présente n’est pas une expiation ? dit-elle au directeur qui la blâmait.

— Alors, répondit M. Renaud, c’est donc le crime d’un autre que vous expiez ?

Elle pâlit et s’éloigna sans ajouter un mot.

M. de Riancourt, blessé de cet étrange refus, n’insista pas.

Cela se passait un an environ après sa condamnation.

À quelque temps de là, le directeur lui annonça que M. de Boutin demandait l’autorisation de la voir.

— Je l’ai accordée immédiatement, dit-il, il vous attend.