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sa poitrine qui se soulevait violemment, j’ai trop souffert pour n’avoir pas appris à lire dans les âmes. La vôtre est noble et pure, j’en suis convaincue.

La prisonnière avait terminé sa toilette.

Ses vêtements soigneusement pliés attendaient leur numéro matricule pour aller remplir la case qui leur était destinée.

La sœur tenait toujours la croix dans ses mains, elle fit un mouvement pour la glisser dans le paquet fermé ; mais se ravisant aussitôt :

— Non, dit-elle, ici, dans cette salle commune, au milieu de ces anciennes livrées du crime, de la débauche ou du vice, non, tu ne dormiras pas, relique chère, souvenir de gloire et d’honneur. Je vous la garderai, ma fille, ajouta-t-elle avec un accent recueilli, et si jamais votre découragement devient trop fort, je vous la montrerai.

Marianne était blanche comme un suaire.

— Pensez à la sœur Marie-Aimée, reprit la religieuse, ce sera une amie.

La détenue prit la main qui se tendait vers elle.

— Merci, fit-elle simplement, votre souvenir ne me quittera jamais.

À partir de ce jour, elle sembla s’être tracée une règle de conduite dont elle ne se départit pas un seul instant.

Sa vie était calme, exemplaire, surtout silencieuse. Elle ne recherchait ni n’évitait personne. Elle répondait lorsqu’on lui parlait, et, chose étrange, quand on l’interrogeait sur sa condamnation, elle ne protestait pas de son innocence.

Si on la pressait sur les détails, elle relevait légèrement la tête, et, avec son grand air qui glaçait toute question sur les lèvres, elle répondait simplement :