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lontairement en sacrifice pour que Marianne fût heureuse.


— Adieu, mon ange, lui dit Jacques, en la quittant ; je t’obéis, je vais essayer de la voir.

Peut-être, ne me sera-t-il pas possible de lui parler, mais je ne reviendrai pas sans que mes yeux aient rencontré les siens.

Le lendemain matin, en effet, Jacques prenait le chemin de la maison centrale de Cadillac, où Marianne subissait sa peine.



V

PRISONNIÈRE


Il est midi. La récréation vient de sonner dans la maison d’arrêt.

Le préau est tout aussitôt envahi.

Les prisonnières se groupent presque toutes autour d’une surveillante qui porte, comme elles, l’habit des détenues.

Elle est grande, mince et pâle. Sa robe de bure aux plis raides a de la grâce ; sa pose, une distinction native où l’on sent comme un reflet du monde.

Sous sa coiffe de lin, d’une éclatante blancheur, ses yeux brillent plus profonds, plus doux, plus beaux que jamais.

Autour d’elle, chacune s’empresse et toutes se bousculent. Les unes pressent ses mains ; les autres, craignant de ne pas entendre sa voix, s’emparent de son tablier de cotonnade et marchent à reculons, comme