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Comme il tournait le dernier massif, un sanglot contenu frappa son oreille.

Il s’avança, étouffant ses pas, le cœur serré.

Marguerite était là, les mains jointes, dans l’attitude du plus violent désespoir.

Sa tête, renversée contre un buisson de clématite, était pâle et convulsée ; ses paupières fermées laissaient couler des larmes qu’elle ne songeait même pas à essuyer ; de temps en temps de longs sanglots soulevaient sa poitrine et venaient s’éteindre dans sa gorge contractée. Jacques la considéra un instant en silence sans qu’elle soupçonnât sa présence.

Un inexprimable pressentiment lui disait que cette enfant souffrait à cette heure d’une douleur qui allait bouleverser sa vie et avoir une influence directe sur sa propre destinée. Enfin, les lèvres de la petite désespérée s’entr’ouvrirent, et, pendant qu’une pâleur plus grande couvrait ses traits :

— Ô Marianne, ma vraie mère ! murmura-t-elle, le devoir, m’as-tu dis !…

Puis, plus bas, d’une voix dont rien ne saurait peindre le désespoir et le doute, elle ajouta :

— Le devoir !… Où est-il ? Quel est-il ?

Elle se leva toute droite et comme affolée en disant ces mots : ses yeux agrandis aperçurent Jacques, d’un bond elle se précipita dans ses bras éperdue et sanglotante :

— Ah ! sauve-moi, toi, lui cria-t-elle, je ne veux plus, je ne peux plus vivre !…

Le jeune homme fut effrayé de son effarement, de ses larmes, des tressaillements qui la secouaient des pieds à la tête. Il la souleva dans ses bras et la déposa sur le banc de pierre.

Doucement, avec des attentions paternelles, il essuya