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infligés à celle qu’il adorait si profondément ; mais ce qu’il lui fallait à lui, c’était la lutte au grand jour, la victoire par les moyens honnêtes, les événements arrivant à l’appel de sa volonté plus forte que la perfidie de cette femme, la conviction de tous, obtenue simplement et sans subterfuges menteurs.

Toutes ces réflexions, Jacques les fit instantanément, et tandis que, ne pouvant arriver aux lèvres du jeune homme, que sa haute taille éloignait d’elle, elle couvrait son cou de baisers ardents, celui-ci la repoussa brusquement.

— Arrière, s’écria-t-il, Messaline, empoisonneuse, lâche assassin !… Arrière ! tu me fais une horreur si grande, que je ne peux même pas supporter ta présence. Oui, je veux glorifier Marianne, ma sainte, mon adorée, ma femme ; oui, je veux que tous la vénèrent et s’inclinent devant elle ; oui, je veux, pour cela, te clouer au pilori, je veux que chacun s’éloigne de toi avec dégoût. Mais arriver à ce but en subissant ton contact abhorré, jamais !…

Le jeune homme peu à peu s’était baissé et lui parlait si près que son souffle brûlait son front et ses yeux. Elle était tombée à genoux, et, les mains jointes, mourant de peur :

— Grâce ! murmura-t-elle, grâce ! toi seul peux me sauver, ne me repousse pas !

— Te sauver, infâme créature ! oh ! non, tu es trop perfide, et ce serait peine perdue qu’essayer !…

Et comme elle tâchait encore de saisir ses mains :


— Me laisseras-tu ! s’écria-t-il ; tu ne vois donc pas que toute ma force m’empêche à peine de t’écraser comme une vipère sous mon pied.

Elle se releva à ces mots, blême de rage et jeta à Jacques un regard où il y avait, en effet, quelque chose