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— À personne ; mais vous faites une exception pour Marianne, n’est-ce pas ?

— Non ; je lui dirai qu’elle doit savoir ; ne parle pas, toi, jusqu’au jour où je te le permettrai.

Je le promis.

Le soir, au moment de nous séparer, mon père m’embrassa longuement et à plusieurs reprises.

Comme je touchais le seuil de la porte pour les quitter, il me rappela :

— Marguerite, dit-il, viens mon trésor, je ne t’ai pas encore assez embrassée.

Il me tint longtemps sur son cœur, pendant que des larmes brûlantes couvraient ses joues.

— Ah ! continua l’enfant dans un sanglot, il pressentait que je ne devais plus le revoir !…

Jacques, sombre et farouche, la laissa pleurer.

— C’est tout ? demanda-t-il au bout de quelques secondes de silence.

Elle essuya ses yeux.

— Non, fit-elle en se troublant de nouveau au milieu de ses derniers baisers mon pauvre père m’a dit : « Je veux un serment de toi, Marguerite ; promets-moi, au nom de tout ce que tu aimes sur terre, au nom de tes croyances et de tes affections, que tu seras la femme de Georges Larroche, et cela que je vive ou que je meure. »

Jacques l’interrompit :

— Il t’a dit cela ? fit-il avec une sorte de terreur.

— Oui, et j’ai juré que Georges serait mon mari, ou… que je mourrais fille.

Jacques, à son tour, sanglota.

— Malheureuse enfant ! s’écria-t-il ; ah ! si tu avais parlé plus tôt !…

Et le jeune homme, qui avait fait quelques pas dans