Je poussai un cri ; les larmes qui m’étouffaient jaillirent instantanément de mes yeux…
Ce nom ! ah ! c’était bien celui qui dormait au fond de mon âme !
Je jetai mes deux bras autour du cou de mon père, et le couvrant de baisers :
— Que vous êtes bon, lui dis-je, vous l’aviez donc deviné ?
Si bas que j’eusse murmuré ces quelques mots, il m’avait entendue ; car je sentis son cœur battre plus fort, quelques larmes chaudes tombèrent sur mon front.
Il me pressa très fort sur son cœur :
— Pas moi, me répondit-il, mais ta mère.
Et se tournant vers celle-ci :
— Embrassez votre fille, Blanche, dit-il.
Il prit en même temps ses deux mains, et il ajouta à son oreille des mots que je n’entendis pas.
Pour la première fois, Jacques interrompit sa pupille.
L’éclair de ses yeux avait reparu.
— Et ta mère ? demanda-t-il, qu’a-t-elle répondu, te rappelles-tu ?
— Oh ! oui. Après m’avoir embrassée de ses lèvres toujours glacées, elle s’est tournée vers mon père et a dit « Je vous assure que la femme de Georges sera heureuse. »
— Ah ! fit Jacques d’un ton singulier que Marguerite ne remarqua pas.
— Mon père, continua-t-elle, me renvoya en me disant :
— M. Larroche est parti pour Paris, où il va demander le consentement de son oncle, son seul parent aujourd’hui ; à son retour, nous célébrerons la fête des fiançailles ; en attendant, ne parle de notre entretien à personne. Jure-le moi.