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Il ne s’occupait guère que de sa pupille, ne regardait qu’elle, et encore passait-il des soirées sans lui parler. Mais il avait cependant remarqué le changement qui s’était opéré en elle ; il devinait qu’elle s’éprenait à son insu de la personne commune et triviale de Georges Larroche.

D’abord préoccupé du fait, il avait été rassuré par M. de Boutin.

— À seize ans, lui avait dit ce dernier, ces premières impressions ne durent pas plus dans le cœur des fillettes, ignorantes de la vie et d’elles-mêmes, que les belles et mystérieuses arabesques qu’elles tracent sur le sable des plages au bout de leurs ombrelles.

Au printemps nous parlerons à sa mère de son mariage, puisque le désir de M. de Sauvetat était qu’elle fût mariée le plus tôt possible ; vous lui chercherez alors un brave et loyal garçon qui la rendra heureuse ; et qui sait, si lorsque son bonheur sera assuré, le vôtre, Jacques, n’arrivera pas ?…

Le jeune homme écoutait son ami, il ne se tourmentait pas davantage.

Du reste, Georges Larroche regardait à peine la jeune fille, et à coup sûr ne remarquait ni le trouble, ni les rougeurs subites dont il était cause.



III

UNE VOLONTÉ DE M. DE SAUVETAT



Jacques n’eut garde de manquer au rendez-vous que lui avait donné sa pupille.