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En prononçant ces paroles, il s’inclina profondément, assouplissant sa rigidité habituelle avec une courtoisie et un respect qui satisfirent madame de Sauvetat.

En effet, elle regarda un instant le magistrat en face et parut respirer plus à l’aise.

Puis par un mouvement subit et spontané elle se retourna vers Jacques, comme pour saisir au vol sa pensée ; mais le jeune homme, déjà remis, avait compris M. de Boutin.

Il souriait également.

La veuve souleva alors la portière et envoya un regard, un seul, à un grand jeune homme assis au coin de l’âtre, à côté de Marguerite rougissante et confuse.

Jacques n’avait pu voir le coup d’œil de Blanche ; mais il vit l’attitude de sa pupille, et quelque chose comme un sentiment de colère involontaire, quoique aussitôt réprimé, rapprocha ses fins sourcils l’un de l’autre.

— Georges Larroche, dit madame de Sauvetat, en ébauchant une présentation, M. de Boutin, M. Descat, le tuteur de ma fille, continua-t-elle pendant que sa voix s’affermissait.

Les trois hommes se saluèrent réciproquement : Jacques très froid, M. de Boutin avenant, et Georges Larroche on ne peut plus embarrassé.

Quant à Marguerite, ses grands yeux doux, au fond desquels brillait une flamme à peine contenue, s’étaient levés vers Jacques avec une expression si pudique et si ardente en même temps, que le jeune homme, bouleversé, sentit son cœur serré par un douloureux pressentiment.

Dans ce regard toujours aussi limpide, mais plus