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— Venez tous les jours si cela vous plaît, répondit-elle. Vous verrez Marguerite autant que vous le voudrez.

Jacques, impassible et sévère, se dirigea vers la porte.

Au moment où il allait la franchir, elle le rappela.

— À propos, dit-elle, M. de Boutin m’avait déjà fait la même demande que vous ; vous pourrez venir ensemble, je vous y autorise.

Il salua de nouveau et sortit aussi raide et aussi implacable qu’il était entré.

Elle le suivit des yeux et eut un étrange sourire. Puis, secouant sa torpeur :

— Ah ; monsieur Descat, dit-elle, vous êtes très fort, et mon cœur serait peut-être devenu lâche pour vous, mais ne me défiez pas, je saurai bien vous briser… vous ne me connaissez guère…



II

AUBE DE MAI

À partir de ce jour, on aurait pu voir, à peu près chaque soir, M. de Boutin et Jacques descendre la rue à pente raide qui conduisait chez madame de Sauvetat. Ils allaient passer la plus grande partie de leur temps libre, entre la veuve et sa fille.

Blanche avait l’air de prendre pour elle la visite des deux amis. On aurait dit qu’elle avait oublié son explication avec Jacques.

Rien n’égalait son calme et son attitude recueillie.

Ses mouvements, toujours empreints de cette grâce