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velle intimité existant entre Étienne Delorme et le docteur Despax.

Ce dernier est un saint homme de docteur, nous l’avons dit, en lui fleurissent toutes les vertus, il implore souvent les lumières du Saint-Esprit, il sait se repentir de ses fautes.

C’est pour cela qu’après la scène des assises et l’admonestation sévère du président, il a généreusement fait des excuses à Étienne Delorme qui les a acceptées, et leur amitié est devenue plus étroite que jamais.

Ce n’est pas étonnant ! Les braves gens sympathisent si aisément entre eux !…

Du reste, on dirait que cette affaire si triste de crime et d’empoisonnement, en donnant à certaines personnalités, jusque-là très obscures, un bien mince relief, leur a porté bonheur.

Le croirait-on ?… La sublime combinaison de Despax a avorté, et cependant Viguebel a marié sa fille !…

Oui, quoique les cinq cent mille francs à toucher pour sa part lui aient fait défaut, le gendre tant rêvé, ce gendre phénix, introuvable jusque-là, a pointé à l’horizon.

Il est bon d’expliquer qu’il a toutes les qualités requises : gommeux sans le sou, avocat sans causes, ce qui a fait dire à Orphée le jour de la noce :

— Ne croirait-on pas vraiment que les imbéciles manquent ici ? En voilà encore un qui nous arrive !

Viguebel ne se plaint pas ; ses enfants s’entendent et se comprennent. De plus son gendre, M. Chanteclair, a été reçu dans quelques-unes des bonnes maisons de la ville, entre autres chez madame de Sauvetat.

Celle-ci, en effet, d’abord confinée dans une réclusion presque absolue et dans un deuil des plus austères, a