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reçoive une marque d’estime véritablement méritée. Au bout d’un mois elle était de retour.

— Le ministre, dit-elle, m’a proposé de vous nommer conseiller à Agen.

M. Drieux devient rayonnant.

— Conseiller à Agen !…

Il crut la chose faite.

— Quand la nomination paraîtra-t-elle au Moniteur ? demanda-t-il.

— Vous ne me laissez pas achever, dit-elle. Il m’a proposé la place dont je vous parle, mais on m’a donné à choisir, ailleurs… en haut lieu de vous voir conseiller, ou chevalier de Grégoire-le-Grand. Vu la grande piété de madame votre tante, j’ai…

M. Drieux poussa un cri. Il saisit le bras de la marquise.

— Qu’avez-vous donc ? demanda-t-elle.

Et, tirant, de son sac de voyage, un parchemin et une médaille :

— J’ai remercié le ministre, continua-t-elle, et j’ai cru devoir accepter un insigne qui vous fait vraiment noble, et vous donne droit de cité dans notre monde.

Le procureur aurait volontiers étranglé la vieille ; il dut néanmoins se contenir, et il attacha sur sa poitrine le fameux ruban rouge, dont il dissimulait le plus possibles les lisérés étrangers et agaçants.

Au bout de quelque temps, peut-être pour faire honneur à la croix du saint père, il s’improvisa une noblesse subite. Le nom d’une vieille tour en ruines, ayant appartenu à son père, vint alors s’ajouter à son nom de Drieux, qui, aujourd’hui, comme autrefois celui de François, ne lui suffisait plus.

Il s’appelait donc maintenant Drieux de Pieussac. Depuis quelques jours même, il signait D. de Pieussac,