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Au bout de quelques jours, la violence du mal devint telle, que le malade se tordait en poussant des cris déchirants.

— Comment, devant des symptômes aussi graves, vous en êtes-vous rapporté à vos propres lumières ? N’avez-vous donc pas été effrayé de l’immense responsabilité que vous assumiez ainsi ?

— Dans les premiers temps, la maladie de M. de Sauvetat était loin de présenter les caractères morbides qui n’ont paru que plus tard. Lorsque j’ai vu l’insuccès de mes efforts, j’ai demandé une consultation que le malade a formellement et énergiquement refusée ; je ne pouvais aller contre la volonté de mon client.

— Vu la gravité des circonstances, vous pouviez, vous deviez même réunir vos confrères et les placer dans une pièce voisine pendant que, les portes ouvertes, vous auriez adroitement interrogé le malade.

De cette façon, certainement, vous auriez recueilli d’utiles avis, et mis votre responsabilité à couvert.

Avez-vous soupçonné la présence d’agents toxiques, et n’avez-vous pas été étonné de phénomènes aussi aigus que ceux qui se présentaient devant vous ?

— Jamais de la vie, Monsieur, dans une famille aussi respectable !… allons donc !… Quant aux phénomènes, ils sont les mêmes dans la colique hépatique, et leur violence est tout aussi effrayante.

— Le docteur Despax vous répondra là-dessus. Mais quant à moi, et sans opinion préconçue, j’ai lu dans certains auteurs que les symptômes de l’hépatite et de l’empoisonnement saturnin différaient essentiellement.

— Monsieur le président, je n’ai jamais vu les matières rejetées.

— Est-ce parce que vous n’avez pas demandé à les