— Oui.
— Pourquoi avez-vous persisté à emporter les eaux de la chambre de votre tuteur, alors que dans la maison vous n’aviez jamais été appelée à rendre de pareils services ? Pourquoi, surtout, laviez-vous vous-même le plancher et ne supportiez-vous à aucun prix qu’une femme de chambre vous remplaçât dans ce soin ?
— J’exécutais les ordres de mon tuteur, qui était absolu en cela comme en toutes choses.
— Il est étonnant que vous seule ayez entendu ces ordres. Pourquoi n’avez-vous pas averti M. Delorme des divers symptômes que présentait la maladie ? Pourquoi n’avez-vous pas conservé les matières rejetées, comme le docteur vous en a souvent et instamment priée ?
— J’ai instruit M. Delorme de tout ce que j’ai remarqué concernant son service ; quant à la recommandation dont il parle, il se trompe, elle ne m’a jamais été faite.
— Vous êtes en contradiction formelle avec M. Delorme, d’abord ; car le docteur assure avoir journellement renouvelé sa demande, et de la manière la plus pressante ; avec madame de Sauvetat ensuite : cette dernière a entendu plusieurs fois l’ordre, mais elle s’en est rapportée à vous pour l’exécuter.
L’accusée se tut de nouveau.
— Comment expliquez-vous, dans un endroit secret de votre chambre, la présence de cette fiole contenant de l’extrait de Saturne ?
Marianne haussa involontairement les épaules, mais ne desserra pas les dents.
— Vous vous taisez, reprit le président, et quoique votre silence s’explique très bien par la confusion que vous devez éprouver, il n’a pas toujours été aussi