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avec lui : mais le jeune homme étendit le bras, et domina de sa voix courroucée les éclats de l’ouragan :

— Misérables, s’écria-t-il. Arrière ! Celle que je défends est innocente, je la sauverai tout seul, je n’ai pas besoin de vous. Si les hommes la condamnent, mon amour et ma volonté la réhabiliteront. Quant à vous, je vous tue comme deux chiens si jamais vous prononcez son nom !

— Oh ! pas tant d’éclat, mon jeune maître, interrompit Despax ; réfléchissez bien : avec nous vous la sauverez, sans nous tout est dit.

— J’aime mieux la perdre à jamais, que l’avoir au prix que vous me proposez ! s’écria Jacques. Si je la sauve, c’est parce que son innocence aura été plus forte que toutes les préventions, si la fatalité est contre elle, j’attendrai que les événements l’obligent à parler. Quant à vos propositions odieuses, gardez-les pour qui est capable de les écouter.

Signez tout ce que vous voudrez, mensonge ou vérité, je m’en lave les mains. Cependant, si vous faisiez un contre-rapport et dans le sens que vous disiez tout à l’heure, prenez garde ! Je veux lutter au grand jour, je veux faire triompher une cause juste entre toutes ; mais je ne veux appeler à mon aide que la vérité.

— Vous nous menacez, dit Despax ; pourtant vous ne pouvez rien contre nous, car vous avez juré de vous taire.

L’œil du jeune homme s’enflamma.

— Je peux vous tuer comme des bandits que vous êtes, dit-il froidement.

Viguebel tomba à deux genoux.

— Grâce cria-t-il ne joignant les mains ; je ne signerai rien, monsieur Descat, je vous le jure sur la tête de ma fille.