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et à tromper la justice !… Mais c’est désespérant !… Et dévoués comme nous le sommes à la cause de l’innocente, nous ne pouvons pas agir, il nous est impossible d’empêcher la victime d’accomplir son sacrifice ! Oh cette situation est horrible !

— Vous avez raison, Jacques, horrible et affolante, je le sais !

— Damnation !… comment arriver la vérité ! Qui sait même s’il existe une preuve quelconque ?

— Oh ! pour cela, mon ami, j’en suis sûr. Mais où est-elle ? Dans combien de temps parviendrons-nous à la saisir ? Lorsque nous l’aurons trouvée, ne sera-t-il pas trop tard ? Voilà la chose désespérante pour moi !… »

Ils se turent tous deux. Jacques arpentait la pièce ; le juge était retombé dans ses méditations silencieuses.

Peu à peu, cependant, le calme se faisait dans l’esprit de Jacques, ses traits se rassérénaient, il reprenait possession de lui-même.

Au bout d’un temps assez long, il se rapprocha de M. de Boutin.

— Je suis arrivé auprès de vous désespéré et malheureux, lui dit-il, vos bonnes paroles ont relevé mon courage, merci. Grâce à vous, je marcherai désormais vers le but que nous désirons tous deux. Oui, je la sauverai dans quelques jours, ou je finirai bien par la réhabiliter. Mais pour ne pas retomber dans des accès de découragement qui me tueraient, si je dois vivre séparé d’elle, il faut que je vous voie souvent, sans vous, je le sens, mes forces ne dureraient pas longtemps.

— Je suis votre ami, Jacques, ma maison vous est ouverte, venez habiter près de moi.

— Tout à fait, cela n’est pas possible, et nuirait peut-être à nos projets ; mais mon intention est de quitter définitivement Auch et de m’établir dans la propriété