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XIV

UN AVOCAT D’OFFICE


— L’analyse est terminée, Mademoiselle, dit M. de Boutin à Marianne en entrant le lendemain dans sa cellule ; le résultat est foudroyant.

Ses grands yeux se remplirent de larmes.

— Hélas ! balbutia-t-elle, c’était bien à prévoir.

— Mais, continua le juge, vous allez enfin parler, n’est-ce pas ? Je ne peux plus demeurer ainsi, malheureux et désespéré, convaincu que vous n’êtes pas coupable et que la justice est sur le point de consommer une de ses terribles erreurs, trop souvent hélas ! irréparables. Mieux vaudrait mourir.

Vous n’allez pas me laisser, en présence de mon devoir à accomplir sans m’aider à déchiffrer ce mystère que je pressens et que vous seule pouvez éclaircir ! Je vous en supplie, si vous n’avez pas pitié de vous, ayez pitié de moi !

Elle regarda le magistrat.

Une rougeur légère envahit son front ; mais, se remettant aussitôt :

— Un mystère, dit-elle, je n’en connais pas, Monsieur ; vous vous trompez. M. de Sauvetat est mort ; vos experts se sont prononcés ; c’est moi que tout accuse, à quoi bon me défendre ?

Devant cette résistance opiniâtre. M. de Boutin se sentit frappé de stupeur.

— Ah ! s’écria-t-il en tressaillant profondément, ce n’est pas vous qui l’avez tué ! Non, sur mon âme ! Je