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rant l’ébranler, je suis persuadé qu’une main étrangère a porté dans votre chambre cette preuve accablante pour vous. Mais pour émettre cette conviction, il me faut au moins une dénégation de votre part. Me refuserez-vous donc toujours de dire la vérité ?

M. Drieux, hors de lui, intervint.

— Mais c’est insensé ce que vous faites là ! s’écria-t-il ; c’est un véritable système que vous lui enseignez !

Vous ne comprenez donc pas que ce mystère dont elle s’entoure, ce silence, ces réponses évasives, tout cela n’est que de l’habileté ? Par tous les moyens possibles, elle cherche à faire naître en nous la crainte d’une erreur, détourner nos soupçons, à éveiller les appréhensions de la justice, et vous la poussez encore dans cette voie !

Marianne avait baissé la tête, sa physionomie impassible ne protestait pas.

M. de Boutin, découragé et désespéré, sortit de la prison avec le procureur.

Le lendemain commencèrent les dépositions des divers témoins et leur confrontation avec Marianne.

Ce fut d’abord madame de Sauvetat, puis Étienne Delorme, le médecin, Annon, la vieille garde-malade, et enfin, à titre de renseignements officieux, les domestiques et Cadette, la nourrice de Marguerite.

Au milieu de ces témoignages plus ou moins exacts, des commentaires plus ou moins exaspérants que dut écouter Marianne, et que M. Drieux lui répétait à chacune de ses entrevues, sa froideur ne se démentit pas un instant ; elle avait l’air de ne pas entendre ; on l’aurait crue de marbre.

La dernière déposition fut particulièrement écrasante par le caractère de naïve simplicité qu’elle avait revêtu. Cadette, ancienne femme de chambre de ma-