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Elle n’avait plus de force ; on aurait dit que la vie allait également l’abandonner.

M. de Boutin s’approcha encore.

— Un mot, dit-il, un seul, et vous ne la quitterez pas.

Elle le regarda.

— Et mon devoir ? fit-elle simplement.

Puis se retournant vers M. Drieux :

— Partons, Monsieur, dit-elle, je vous appartiens. Maintenant, je crois que je peux vous défier de me faire souffrir désormais.

Le procureur haussa les épaules.

— Voilà, se dit-il, ce qui s’appelle une comédie bien touchée. Décidément cette femme est très forte. Quelle veine pour une première affaire ! Quel retentissement ! Allons ! Quatre mois d’instruction, au mois de juillet les assises, et au mois de septembre ma noce !

La porte de la rue retomba lourdement derrière les deux magistrats, qui s’éloignèrent avec Marianne.

Celle-ci s’appuyait silencieuse et digne sur le bras de M. de Boutin.

Une heure après, au parquet, elle apposa son nom au bas du premier interrogatoire dont le juge dut faire un résumé succinct ; et quelques minutes ne s’étaient pas écoulées, qu’elle se trouvait seule dans sa cellule.