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M. Drieux ne laissa pas à M. de Boutin, le temps de répondre :

— Sans doute, dit-il d’un ton âpre et dur, elle vous inspirera peut-être le repentir puisqu’elle n’a pas su vous préserver d’être coupable.

Marianne tressaillit comme si un serpent l’eût mordue. Elle se retourna, et envoya au procureur un regard où il y avait tant de fierté blessée, tant de pudique dignité, que ce dernier recula.

Mais bientôt, baissant les yeux et courbant la tête :

— C’est juste, murmura-t-elle, c’est le supplice qui commence.

Et deux grosses larmes roulèrent silencieuses sur ses joues pâles.

Cette scène impressionna M. Drieux peut-être plus qu’il n’eût voulu le laisser voir, car adoucissant sa voix :

— Nous ne ferons pas de recherches devant vous aujourd’hui, Mademoiselle, lui-dit-il ; nous mettrons simplement les scellés à la porte de votre appartement : nous reviendrons demain.

Veuillez prendre ce qu’il vous est nécessaire, et nous suivre puisque vous le désirez.

Marianne jeta un long châle de deuil sur ses épaules, et après avoir attaché son chapeau :

— Je suis prête, Messieurs, dit-elle. Madame de Sauvetat m’enverra comme linge et vêtements ce qu’elle jugera convenable.

M. Drieux sortit le dernier. Il accomplit lui-même la formalité dont il avait parlé.

Au bas de l’escalier, les domestiques, étonnés de cette visite prolongée, attendaient curieusement pour en connaître le résultat.

À l’aspect de Marianne s’apprêtant à suivre les ma-