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dans cette maison… La voix du peuple a crié vers vous, tout m’accuse, les preuves que vous n’avez pas aujourd’hui vous viendront demain… Il me plaît de me taire, mais je me livre sans résistance ; que vous faut-il de plus ?

Elle était très belle en parlant ainsi. Sa lèvre dédaigneuse tremblait légèrement, sa narine se dilatait, mais on la sentait, au-dessus de tout cela, forte d’une pensée et d’un but qu’on pouvait deviner invincibles.

M. de Boutin, désespéré devant cette volonté inflexible, s’écria :

— Mais c’est la vérité qu’il me faut ! Vous pouvez me la révéler, et je vous supplie de le faire !

— Vous vous trompez, Monsieur ; je suis la seule qui ne saurais vous la dire. Encore une fois, continua-t-elle de sa voix impassible, cherchez-la autour de vous, cette vérité ; et qui vous dit, si je me tais, que les choses extérieures ne parleront pas et ne vous convaincront pas !

M. Drieux vit une certaine ironie dans ces dernières paroles.

— Il ne faut jamais défier la justice, Mademoiselle, dit-il ; vous êtes très forte, nous le voyons ; mais ces preuves que vous croyez impossibles à trouver, nous les découvrirons.

Marianne regarda le procureur pendant que M. de Boutin, désespéré, laissait tomber sa tête sur sa poitrine ; puis, après un imperceptible haussement d’épaules :

— Vous interprétez mal mes paroles, Monsieur, dit-elle je ne défie jamais personne.

Et changeant brusquement de ton :

— Voulez-vous me permettre de garder cette croix ? demanda-t-elle au juge.