Page:Ninous - L Empoisonneuse.pdf/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tressaillant jusqu’au fond des entrailles, murmura en portant la main à son front :

— Ah ! j’en étais sûr !… Malheureux !… Que faire ?

Marianne sortit la première de la chambre de Blanche, les magistrats la suivirent vers l’étage supérieur. Ils arrivèrent bientôt dans une petite pièce meublée avec une élégance extrême, mais où se retrouvait jusque dans le moindre détail, le mystère qui enveloppait l’étrange créature qui l’occupait.

Au pied d’un lit aux rideaux de soie blancs comme la neige, à la courte-pointe faite en larges peaux de cygne, une monstrueuse panthère grimaçait avec sa gueule constamment ouverte, et semblait de ses yeux d’émail jaunes et fixes suivre tous les mouvements des personnes qui osaient franchir le seuil du sanctuaire dont elle avait la garde.

Dans la chambre, pas un siège ; de loin en loin, des piles de coussins de soie reposaient sur d’épaisses peaux de lions ou de jaguars, sous lesquelles le parquet disparaissait lui-même tout entier.

Contre le mur où s’appuyait la virginale couchette, une croix d’officier de la Légion d’honneur était suspendue dans son cadre d’or mat. Au-dessous, sur une sorte de piédestal, on voyait un bijou singulier moitié amulette, moitié parure.

C’était une espèce de couronne ou bandeau, en filigranes d’or. Les pierres précieuses qui l’entouraient devaient être d’un grand prix, si on en jugeait par leur éblouissant éclat et la pureté de leur eau.

Au milieu de la cheminée, sur un coussin de velours rouge, étaient déposées de riches babouches d’argent d’une petitesse remarquable, ainsi que deux bracelets dont la forme et les ornements rappelaient bien ceux de la couronne.