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impression. Je me rappelle un « Prisonnier » plein de larmes, sorte de mazurka lente, coupée d’un point d’orgue, qui fait trembler. Je me rappelle aussi une berceuse très douce, et les Roses remontantes dédiées à un auteur dramatique, dont elles remontèrent le courage[1]. Délicatesses infinies, brodées dans un style personnel et inspiré.

Pourquoi, direz-vous, toute cette histoire musicale ?

Parce que cette musicienne fut conduite à la poésie par la musique.

Ah ! le grand hymne des mots qui se lient et s’harmonisent, quel concerto cela fait !

Entre deux leçons, elle lisait, la virtuose. Elle lisait les poètes, elle sentait des parentés entre les notes et les syllabes, et elle s’apercevait que les sons des claviers correspondent à des sonorités de mots. Elle songeait qu’une rime, c’est une mélodie, et que l’oreille est caressée par deux hémistiches bien modelés.

Alors, elle fit des vers.

Mêlée au mouvement moderne, très-pénétrante, connaissant son époque, elle se plut à marcher avec les hommes d’à présent, dont beaucoup ne sont pas académiciens. Pour se distraire, elle écrivit des poèmes qui nous ont distraits et qui en distrairont d’autres. Tendres parfois, pétillants souvent, avec une teinte de mélancolie. Elle eut subitement une exubérance

  1. Les œuvres de Nina de Villard seront publiées prochainement, sous la direction d’un compositeur distingué, M. H. Ghys.