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POÉSIES

le moine
Vil artifice !
Vous allez en juger. Je lisais mon office
Dans la pièce à côté, tranquille et monacal,
Quand doucement, auprès de mon fauteuil bancal
J’ouïs qu’on me parlait avec la voix de l’âme.
Avez-vous entendu chanter l’Hippopotame ?
Je relève la tête et vois, tel qu’Absalon
Un Monsieur qui me dit : — « Fumez-vous ? » — « C’est, selon »
Répondis-je, Monsieur. Il reprit : « Quel dommage ! »
Je fais sur cette terre un joli personnage.
Qu’en pensez-vous ? — Je dis : « Dieu fait bien ce qu’il fait. »
Il reprit : « J’étais las de fumer en effet ;
Depuis longtemps j’avais en horreur la régie
J’essayai quelque peu de l’anthropophagie,
Rien ne me réussit. » Je dis : — « Il faut le temps
À tout. » Il reprit : « J’ai compté tous mes instants.
Il ne m’en reste plus que trois ou quatre à vivre.
Attention ! » fit-il. Je refermai mon livre
Et je le regardai. C’était trop fort, vraiment,
Et sans dissimuler mon mécontentement,
Je lui criai : « Parbleu, vous attendez peut-être !… »
Mais Oscar a déjà le pied sur la fenêtre,
Et se précipitant, dit : « Malheur aux Londrès ! »
Tout ça, le temps de voir passer un train-express.
enguerrand
Il est mort, c’est bien fait.