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POÉSIES

Je soulève des poids d’au moins quatre kilos.
Je vais avec mes dents porter des chaises âpres.
Je suis nourri de sang, de harengs saurs, de câpres,
De tripes de Riou, de trompe d’oriflan.
Je vais vous le prouver en vous perçant le flanc.
yseult
Ah ! seigneur ! êtes-vous à ce point insensible ?
Ce flanc de marbre, qui va vous servir de cible,
Ce flanc que vous allez massacrer sans remords,
Ce flanc qui va passer au nombre des flancs morts,
Ce flanc qu’un glaive nu va trouer d’outre en outre,
Comme un forêt de vert douanier perce une outre
Ce flanc mystérieux, ce flanc délicieux ;
Ce flanc ne fut-il pas façonné par les cieux
Pour servir de berceau, seigneur à votre race ?
Grand Enguerrand, au nom des Mâchicoulis, grâce,
Grâce pour cette femme aux espoirs triomphants
Qui pouvait être la mère de vos enfants !
enguerrand
Ta, ta, ta. Rien du tout.
yseult
Mais alors, quelle femme
Était donc entre nous, ma belle-mère infâme
Qui mit au monde un fils barbare et tel que toi ?
Je te tutoie enfin, car c’est plus fort que moi ;
Je voulais épargnera ton front solitaire