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moment où l’exubérance maladive de ses expédients et de ses manifestations acquiert une influence tyrannique sur l’âme des jeunes artistes et fait d’eux ses esclaves, on se trouve être aujourd’hui au déclin des langues l’esclave des mots. Cette contrainte ne permet plus à personne de se montrer tel qu’il est, de parler naïvement ; et il en est peu, en général, qui réussissent à sauvegarder leur individualité dans leur combat avec une culture qui croit prouver son succès, non en allant au-devant de besoins et de sentiments bien définis pour les élever en les cultivant, mais en enlaçant l’individu dans le réseau des „notions bien définies“ et en lui enseignant à penser juste ; comme s’il y avait une importance quelconque à faire penser et conclure un homme avec justesse si l’on n’a pas réussi d’abord à faire de lui un être qui sait sentir juste. Si donc la musique de nos maîtres allemands résonne au milieu