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NIETZSCHE CONTRE WAGNER

WAGNER APÔTRE DE LA CHASTETÉ

1.

— Est-ce encore allemand ?
C’est de cœurs allemands qu’est venu ce lourd hurlement ?
Et ce sont les corps allemands qui se mortifient ainsi ?
Allemandes sont ces mains tendues de prêtre bénissant,
Cette excitation des sens à l’odeur d’encens !
Et allemands ces heurts, ces chutes et ces vacillements,
Ces incertains bourdonnements ?
Ces œillades de nonnes, ces Ave, ces bim-bams !
Ces extases célestes, ces faux ravissements…
— Est-ce encore allemand ? —
Songez-y ! vous êtes encore à la porte : —
Car ce que vous entendez, c’est Rome, —
La foi de Rome, sans paroles !

2.

Entre la sensualité et la chasteté il n’y a pas de contraste nécessaire ; tout bon mariage, toute sérieuse passion du cœur est au-dessus de ce contraste. Mais dans le cas où ce contraste existe réellement, il s’en faut heureusement de beaucoup qu’il soit un contraste tragique. Il semble en être ainsi de tous les mortels de bonne santé et d’esprit