sion, qui escamote toute idée de « salut », toute la
seule et unique réalité de l’Évangile — en faveur d’un
état après la mort… Saint Paul a rendu logique cette
conception — impudeur de conception ! — avec
cette insolence rabbinique qui lui est propre en
toutes choses : « Si Christ n’est pas ressuscité des
morts, notre foi est vaine. » — Et d’un seul coup
l’Évangile devint la plus digne de mépris des
irréalisables promesses, l’impudente doctrine de
l’immortalité personnelle… Saint Paul, lui-même, dans son
enseignement, en faisait une récompense !…
On voit ce qui prenait fin par la mort sur la croix : un effort nouveau, tout à fait primesautier, vers un mouvement d’apaisement bouddhique, vers le bonheur sur terre, non seulement promis, mais réalisé. Car — je l’ai déjà relevé — ceci reste la différence essentielle entre les deux religions de décadence : le bouddhisme ne promet pas, mais tient, le christianisme promet tout, mais ne tient rien. — Le « joyeux message » fut suivi de près par le pire de tous : celui de saint Paul. En saint Paul s’incarne le type contraire du « joyeux messager », le génie dans la haine, dans la vision de la haine, dans l’implacable logique de la haine. Combien de choses ce « dysangéliste » n’a-t-il pas sacrifiées à la haine ! Avant tout le Sauveur : il le cloua à sa croix. La vie, l’exemple, l’enseignement, la mort, le sens et le droit de tout l’Évangile — rien n’existait plus que ce qu’entendait dans sa haine ce faux mon-