tion imaginaire entre les êtres (« Dieu », « les
esprits », « l’âme ») ; une imaginaire science naturelle
(anthropocentrique ; un manque absolu du concept
des causes naturelles) ; une psychologie imaginaire
(rien que des malentendus, des interprétations de
sentiments généraux agréables ou désagréables, tels
que les états du grand sympathique, à l’aide du
langage figuré des idiosyncrasis religieuses et morales
— (« le repentir », « la voix de la conscience », « la
tentation du diable », « la présence de Dieu ») ; une
téléologie imaginaire (« le règne de Dieu »,
« le jugement dernier », « la vie éternelle »). — Ce monde de
fictions pures se distingue très à son désavantage du
monde des reves, puisque celui-ci reflète la réalité,
tandis que l’autre ne fait que la fausser, la déprécier et la
nier. Après que le concept « nature » fut inventé, en
tant qu’opposition au concept « Dieu », « naturel »
devint l’équivalent de « méprisable », — tout ce monde
de fictions a sa racine dans la haine contre le naturel
(— la réalité ! —), elle est l’expression du profond
déplaisir que cause la réalité… Mais ceci explique tout.
Qui donc est seul à avoir des raisons pour sortir de
la réalité par un mensonge ? Celui qu’elle fait souffrir.
Mais souffrir, dans ce cas, signifie être soi-même
une réalité manquée… La prépondérance du
sentiment de peine sur le sentiment de plaisir est la cause
de cette religion, de cette morale fictive : un tel
excès donne la formule pour la décadence…
Une critique de la conception chrétienne de Dieu