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d’art ; la foi au génie la remplace, en bon allemand : l’impudent dilettantisme (— la formule en est exprimée dans les Maîtres ChanteurS). En troisième lieu, et c’est le pire : la Théâtrocratie —, la folie d’une croyance à la prééminence du théâtre, au droit de souveraineté du théâtre parmi les arts, sur l’art… Mais il faut dire cent fois à la face des wagnériens ce qu’est le théâtre : — ce n’est jamais que quelque chose au-dessous de l’art, quelque chose de secondaire, quelque chose de grossier, d’adapté au goût des masses, de faussé pour elles ! À cela même Wagner n’a rien changé : Bayreuth — c’est du grand opéra,… mais pas même du bon opéra… Le théâtre est une forme de la Demolâtrie en matière de goût, le théâtre est une émeute populaire, un plébiscite contre le bon goût… Le cas Wagner l’a bien démontré : il a gagné les masses, — il a perverti le goût, il a même perverti notre goût pour l’opéra ! —

L’adhésion à Wagner coûte cher. Que devient l’esprit ? Wagner affranchit-il l’esprit ? — Toutes les équivoques, toutes les ambiguïtés lui conviennent, en un mot tout ce qui persuade