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rences d'un monde intérieur à des phénomènes, visibles et autres, que nous percevrions, si nos moyens d’observation étaient suffisants.

Pour percevoir ce monde intérieur tous les organes subtils nous font défaut, en sorte que nous considérons encore comme unité une complexité multiple et que nous imaginons une causalité, alors que toute raison de mouvement et de changement nous demeure invisible, — car la succession des pensées, des sentiments n’est que le fait de leur visibilité dans la conscience. Que cette succession ait quoi que ce soit de commun avec un enchaînement de causalité, c’est ce qui n’est absolument pas croyable : la conscience ne nous offre jamais d’exemples de cause et d’effet.

264.

Les méprises énormes :

1) L’exagération insensée dans l’estimation de la conscience ; on fait de celle-ci une unité, un être: « l’esprit », « l’âme », quelque chose qui sent, qui pense, qui veut ;

2) L’esprit considéré comme cause, notamment partout où apparaît la finalité, le système, la coordination ;

3) La conscience considérée comme la forme la plus haute que l’on puisse atteindre, comme l’être le plus élevé, comme « Dieu » ;