Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment pour me sauver ; pour fouler aux pieds ces chaires vermoulues, ces lâches contemplatifs, ces concupiscents eunuques de l’histoire, tous ces raccrocheurs de l’idéal ascétique, cette impuissante tartuferie de la justice ! Tous mes respects pour l’idéal ascétique, tant qu’il est sincère, tant qu’il a foi en lui-même et qu’il ne joue pas la comédie. Mais je ne puis souffrir toutes ces coquettes punaises qui mettent leur ambition sans frein à flairer l’infini jusqu’à ce que l’infini fleure la punaise ; je ne puis souffrir ces sépulcres blanchis qui parodient la vie, je ne puis souffrir ces êtres fatigués et aveulis, qui se drapent dans la sagesse et se donnent un regard « objectif » ; je ne puis souffrir ces agitateurs travestis en héros, qui ceignent leur tête d’épouvantail à moineau du heaume magique de l’idéal ; je ne puis souffrir ces comédiens ambitieux qui voudraient jouer les ascètes et les prêtres, mais ne sont que de tragiques pantins ; et je ne puis les souffrir non plus, ces nouveaux trafiquants en idéalisme, ces antisémites qui aujourd’hui tournent des yeux, frappent leur poitrine de chrétiens, d’Aryens et de braves gens, et par un abus exaspérant du truc d’agitateur le plus banal, je veux dire la pose morale, cherchent à soulever tout l’élément « bête