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après coup, ex causis efficientibus, mais encore d’avance, ex causa finali. Depuis le jour du jugement dernier, l’espiègle fait rayonner sa lumière en arrière sur notre temps et il se trouve alors que notre temps est parfait, parfait pour celui qui veut souffrir autant que possible des cruautés de la vie, pour celui qui ne saurait désirer assez vite la venue de ce jour du jugement. Il est ce que Hartmann appelle l’âge dont l’humanité s’approche maintenant, son « âge d’homme ». Mais, si nous en croyons sa propre description, c’est là l’état bienheureux, où il n’y aura plus que des « bonnes médiocrités », où l’art sera « ce qu’est, pour le boursier berlinois, la grosse farce de théâtre », où « les génies ne seront plus un besoin de l’époque, parce que ce serait là jeter les perles devant les pourceaux, ou encore parce que l’époque aura passé de la phase à laquelle convenaient les génies à une phase plus importante », à cette phase de l’évolution sociale où chaque travailleur, « avec un labeur qui lui laisse assez de loisir pour son développement intellectuel, mènera une existence confortable ».

Espiègle de tous les espiègles, tu exprimes le désir de l’humanité actuelle ! Mais tu sais également quel spectre se trouvera à la fin de cet âge viril de l’humanité, comme résultat de ce développement intellectuel vers une bonne médiocrité : le dégoût. Visiblement, tout va au plus mal, mais,