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depuis les premiers balbutiements de la conscience jusqu’au retour dans le néant, y compris la tâche exactement définie de notre génération dans ce processus universel, tout cela représenté comme coulant de la source d’inspiration de l’inconscient, inventée avec tant d’esprit, et rayonnant dans une lumière apocalyptique, tout cela imité à s’y méprendre et avec un sérieux de brave homme, comme si c’était vraiment une philosophie pour de bon et non pas une philosophie pour rire : voilà un ensemble qui prouve que son créateur est un des premiers parodistes philosophiques de tous les temps. Sacrifions donc sur son autel, sacrifions-lui donc, à lui l’inventeur de la véritable médecine universelle, une boucle de cheveux, pour emprunter à Schleiermacher une de ses expressions admiratives. Car, quelle médecine serait plus salutaire contre l’excès de culture historique que les parodies de toute histoire universelle écrites par Hartmann ?

Si l’on voulait dire sèchement ce que Hartmann proclame du haut du trépied enfumé de l’ironie inconsciente, il faudrait affirmer que, selon lui, notre temps doit être tel qu’il est, pour que l’humanité en ait une fois sérieusement assez de cette existence. Nous le croirions volontiers. Cette effrayante ossification de notre époque, ce fiévreux clapotement de tous les os — tels que David Strauss nous les a décrits naïvement comme la plus belle réalité — Hartmann ne les justifie pas seulement