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l’on a vraiment donné quelque chose, c’est à l’Église qu’on le doit et non pas à l’esprit moderne, qui, abstraction faite d’autres bonnes habitudes, est assez avaricieux, on ne l’ignore pas, la noble vertu de la générosité étant encore chez lui à l’état rudimentaire.

Il se peut que cette observation ne plaise pas et qu’on la juge aussi défavorablement que la déduction que j’ai tirée du rapprochement entre les excès des études historiques et le moyenâgeux « memento mori », d’où découle le manque d’espoir que le christianisme porte au fond de lui-même à l’égard des temps futurs de l’existence terrestre. Qu’on remplace donc ces explications que je n’ai présentées qu’avec hésitation par d’autres meilleures. Car l’origine de la culture historique et de son opposition foncière et radicale contre l’esprit d’un « temps nouveau », d’une « conscience moderne » — cette origine elle-même doit être étudiée au point de vue historique. L’histoire doit résoudre le problème même de l’histoire ; la science doit tourner son aiguillon contre elle-même, — cette triple obligation est l’impératif de l’esprit du « temps nouveau », pour le cas où il y aurait vraiment quelque chose de nouveau, de puissant, d’original et de vivifiant dans ce « temps nouveau ». Ou bien serait-il vrai que nous autres Allemands — pour ne point parler du tout des peuples latins, — dans toutes les causes supérieures de la civilisation, ne devons