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souveraine, serait, pour l’humanité, une sorte de conclusion et de bilan de la vie. La culture historique par contre, n’est bienfaisante et pleine de promesses pour l’avenir que lorsqu’elle côtoie un puissant et nouveau courant de la vie, une civilisation en train de se former, donc uniquement lorsqu’elle est dominée et conduite par une puissance supérieure et qu’elle ne domine et ne conduit pas elle-même.

L’histoire, pour autant qu’elle est placée au service de la vie, se trouve au service d’une puissance non historique, et, à cause de cela, dans cet état de subordination, elle ne pourra et ne devra jamais être une science pure, telle que l’est, par exemple, la mathématique. Mais la question de savoir jusqu’à quel point la vie a besoin, d’une façon générale, des services de l’histoire, c’est là un des problèmes les plus élevés, un des plus grands intérêts de la vie, car il s’agit de la santé d’un homme, d’un peuple, d’une civilisation. Quand l’histoire prend une prédominance trop grande, la vie s’émiette et dégénère et, en fin de compte, l’histoire elle-même pâtit de cette dégénérescence.

2.

La vie a besoin des services de l’histoire, il est aussi nécessaire de s’en convaincre que de cette autre proposition qu’il faudra démontrer plus tard, à