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sa gloire. Car, celui qui a péché contre la langue allemande a profané le mystère de tout notre germanisme. Seul la langue allemande, à travers tous les mélanges et les changements de nationalités et de mœurs, par une espèce de sortilège métaphysique, s’est sauvée elle-même et, de la sorte, elle a sauvé l’esprit allemand. Elle seule garantit aussi cet esprit pour l’avenir, au cas où elle ne serait pas détruite sous l’étreinte scélérate du présent. « Mais Di meliora ! Sus aux pachydermes ! C’est dans cette langue allemande que des hommes se sont exprimés. Dans cette langue, de grands poètes ont chanté, de grands penseurs ont écrit. À bas les pattes (3) ! »

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À parler franchement, ce que nous avons vu ce furent des pieds d’argile et ce qui nous paraissait avoir la saine couleur de la chair n’était que du badigeonnage surajouté. Certes, la culture des philistins, en Allemagne, s’indignera d’entendre parler d’idoles bariolées, là où elle voit un Dieu vivant. Mais celui qui a le courage de renverser ses idoles ne craindra pas de braver leur indignation, pour leur dire en plein visage qu’ils ont eux-mêmes désappris de distinguer entre vivant et mort, vrai et faux, original et contrefaçon, Dieu et idole ; qu’ils