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Donc, parlons franc, affichons nos couleurs, pour que l’on voie si elles ont bon teint. »

Il est vrai qu’entre ce pas de course gaillard et cette lenteur de croque-mort le style de Strauss tient généralement le milieu ; mais, entre deux vices, n’habite pas toujours la vertu, on y rencontre trop souvent la paresse, la faiblesse et l’impuissance. Le fait est que j’ai été très déçu lorsque je me mis à chercher dans le livre de Strauss des traits subtils et spirituels, m’étant préparé une rubrique spéciale pour pouvoir du moins louer çà et là quelque chose chez l’écrivain Strauss, ne trouvant rien de louable chez le sectateur. J’eus beau chercher, mes recherches furent vaines et ma rubrique demeura vide. Par contre une autre rubrique se remplit rapidement. Elle portait cette suscription : Fautes de langage ; images confuses ; abréviations obscures ; platitudes, affectations du style. J’ose à peine donner un choix de ma trop grande collection de spécimens. Peut-être parviendrai-je à réunir, sous cette rubrique, justement ce qui, chez les Allemands actuels, fait croire au grand styliste charmant que l’on dit être Strauss. Ce sont des curiosités d’expressions qui, dans la monotone stérilité de ce livre, au milieu de sa vétusté, surprennent, non point d’une façon agréable, mais d’une façon douloureuse. Nous nous apercevons du moins — pour nous servir d’une image de Strauss — lorsque nous lisons de semblables passages, que nos sens ne sont pas complètement