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solides ou s’il tombe sur des fondations durables, il zsonge aussitôt à en tirer parti pour son art, les utilisant comme bastious ou comme abris protecteurs. Pareil à un réfugié, il cherche à préserver, non pas lui-même, mais un secret précieux, comme une femme malheureuse qui veut sauver la vie de Fenfant qlfelle porte dans son seini et non pas la sienne propre ; semblable à Sieglinde, il vit « pour l’amour de l’Amour ».

Car c’est bien une vie de tourments et de honte que d’être, errant et étranger dans un monde commele nôtre et pourtant obligé de lui adresser la parole et de A lui demander quelque chose, de le mépriser et deus pouvoir se passer de ce que l’on méprise. ’C’est la misère particulière de l’artiste de l’avenir, de celui qui ne peut pas, comme le philosophe, s’adonner seul, dans une sombre retraite, à la recherche de la connais- · sance, car il a besoin d’àmes humaines comme médiatrices entre lui et l’avenir, il a besoin d’institutions publiques comme garanties de cet avenir, comme ponts entre maintenant et plus tard. Son art ne peut pas être confié, comme celui des philosophes, au véhicule de l’annotation écrite ; l’art veut être transmis par des facultés vivantes et non par des signes et des notes. ~—, — Pendant des périodes entières de la vie de Wagner retentit cette crainte de ne pouvoir s’emparer des facule à W tés vivantes, de se voir forcément réduit aux indications A A écrites, à défaut de l’exemple qu’il aurait voulu donner, réduit à montrer le pale reflet de l’action à ceux qui lisent les livres, ce qui équivaut en somme dire : ir ceux qui ne sont pas des artistes. ·

Wagner, en tant qzfécrivain, subit la contrainte d’un ’