Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée

naître de grands talents si l’artiste plastique compare, l’eH’et produit par son art avec celui d’une musique sem- pl’ blable à celle de Wagner ? Cfest une musique qui pro- » t voque un bonheur lumineux et sans mélange, si bien qu’il semble rà celui qui l’écoute que presque toute là musique précédente n’ait parlé qu’un langage embarrassé, contraint et tout extérieur, comme si jusqulalorsq elle li’avait servi qu’à jouer devant ceux qui n’étaient À pas dignes du sérieux, ou encore d’enseignement etcle, démonstration pour ceux qui ne sont pas même dignes du jeu. Cette musique antérieure ne vous pénètre que pendant quelques heures fugitives de ce bonheur que nous éprouvons toujours quand nous écoutons la mu- · sique wagnérienne ; on la dirait sous l’influence de quelques rares moments d’oubli, durant lesquels elle se parle à elle-même et, comme lafSainte-Cécile de Raphaël, tourne son regard vers le ciel, loin de ceux qui ’ écoutehtuet qui lui demandent de les distraire, de les · t, s’· amuser ou de les l¤Slàl’ll’8·

De Wagner, la musicien, en pourrait dire •l’u¤e fe-çon générale qu’il a prêté des accents à tout ce qui jusqu’à présent ne savait ·s’exprimer dans la nature ; il. ne croit pas qu’il doive exister nécessairement quelque elwse de muet. Son génie pénètre l’aurore, la forêt, la brume, l’abîme aussi bien que le sommet, Phorreur obscure, aussi bien que lap sérénité iunaire de la nuit, et partout ’ il pénètre leur désir secret : ’eux aussi veulent faire entendre leur voix dans le concert universel. Quand le ai philosophe dit qu’il existe une Volonté qui, dans la nature animée, comme dans la nature inanimée, a soif de [ l’être, le musicien ajoute que cette Volonté veut, à tous