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Il i se "peutaque quelqu’un qui vit dans une commu* nauté platonicienne puisse et doive s’imposer-quelque ’chose de semblable. Mais nous autres, nous qui vivons ’dans une communauté toute différente et qui sommes régis selon d’autres règles, nous- souhaitons et nous demandons — ardemnientique l’enchanteur vienne à sions, bien que nous ayons peur de lui. Cela nous paraît néces-V saire, pour que notrewommunauté, la puissance et la raison malfaisante, dont elle est l’expression, se’trouvent une fois au moins contredites. Une condition ·de-l’hu-I manité, de la vie sociale, des mœurs et de l’organisation de celle-ci, qui pourrait se passer des artistes imitateurs, ’n’est peut-étrè pas complètement une 1111possibilité, mais · ceaïpeutêêtre » est parmi les plus audacieux qu’on puisse exprimer, il équivaut à une profonde inquiétude. il Le droit d’en parler ne devrait appartenir qu’à celui qui, anticipant le moment suprême de tout ce qui est avenir, serait à même de le créer et d’e11 jouir, et qui serait ’ ’t alors, comme Faust, contraint de devenir aveugle immédiatement, à moins qu’il n’imploreila cécité comme une faveur. Car nous autres, nous n’avons pas droit même à cette cécité ; tandis que Platon, par exemple, pouvait à bon droit être aveugle en face de toute la réalité hellénique, après qu’il eûtjeté un regard, un seul, — Ysur, l’idéal hellénique. Pour ce qui est de nous, tout au ’· contraire, nous avons besoin de l’art précisément parce que Paspcct de la réalité nous a ogvert les yeux, · il ’nous faut le dramaturge universel pour qu’il nous délivre, ne fût-ce que pour quelques heures, de la terrible j tension dont souffre l’homme clairvoyant, placé’entre sa propre faiblesse et la tâche qui lui est imposée. Avec