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AURORE

sairement toujours des défauts d’harmonie dans les habitudes et les appréciations. (Livingstone entendit une fois dire quelqu’un : « Dieu créa des hommes blancs et des hommes noirs, mais le diable créa les races mêlées. ») Les races croisées produisent toujours, en même temps que des cultures croisées, des moralités croisées : elles sont généralement plus méchantes, plus cruelles, plus inquiètes. La pureté est le dernier résultat d’innombrables assimilations, d’absorptions et d’éliminations, et le progrès vers la pureté se montre en cela que la force présente dans une race se restreint, de plus en plus, à quelques fonctions choisies, tandis que précédemment elle avait à accomplir, trop souvent, trop de choses contradictoires : une telle restriction aura toujours des apparences d’appauvrissement et il ne faut la juger qu’avec prudence et modération. Mais enfin, lorsque le processus de l’épuration a réussi, toutes les forces qui autrefois se perdaient dans la lutte entre les qualités sans harmonie se trouvent à la disposition de l’ensemble de l’organisme : c’est pourquoi les races épurées sont toujours devenues plus fortes et plus belles. — Les Grecs nous présentent le modèle d’une race et d’une culture ainsi épurées : et il faut espérer que la création d’une race et d’une culture européennes pures réussira également un jour.

273.

Les louanges. — Tu t’aperçois chez quelqu’un qu’il veut te louer : tu te mords les lèvres, ton cœur se serre, hélas ! que ce calice te soit épargné !