Page:Nietzsche - Aurore.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
AURORE

écrite pleine de louanges et vous dites qu’elle est plate : mais, si vous devinez qu’il y a de la vengeance cachée dans ces louanges, vous trouverez cette page presque trop subtile et vous vous amuserez beaucoup de sa richesse en petits traits et en figures audacieuses. Ce n’est pas l’homme lui-même, c’est sa vengeance qui est si subtile, si riche et si inventive ; lui-même s’en aperçoit à peine.

229.

Fierté. — Hélas ! aucun de nous ne connaît le sentiment qu’éprouve le torturé après l’application de la torture, lorsqu’on l’a ramené dans sa cellule et son secret avec lui ! il le tient toujours encore entre ses dents. Comment voulez-vous connaître la jubilation de la fierté humaine !

230.

« Utilitaire ». — Maintenant, les sentiments s’entrecroisent dans les choses de la morale, au point que, pour tel homme, on démontre une morale par son utilité et que, pour tel autre, on la réfute précisément par son utilité.

231.

De la vertu allemande. — Combien un peuple a dû être dégénéré dans son goût, combien il a dû s’abaisser avec des sentiments d’esclaves devant les dignités, les castes, les costumes, la pompe et