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AURORE

que ses supérieurs font de lui ! Où la recherche de « connexions » fait partie des devoirs naturels ! Où personne ne se sent offensé lorsqu’on le rend attentif à un homme avec la remarque « qu’il peut une fois lui être utile » ! Où l’on n’a pas honte de faire des visites pour demander l’intercession de quelqu’un ! Où l’on ne se doute même pas que, par une subordination aussi intentionnelle à de pareilles mœurs, on s’est, une fois pour toutes, désigné comme de vulgaire poterie de la nature, que les autres peuvent user et briser à leur gré, sans se considérer très responsable de cela ; comme si l’on voulait dire : « Il ne manquera jamais des gens de mon espèce : usez donc de moi, sans vous gêner ! » —

167.

Les hommages absolus. — Lorsque je songe au philosophe allemand le plus lu, au musicien allemand que l’on écoute le plus, à l’homme d’État allemand le plus considérable, il faut que je m’avoue à moi-même : si l’on rend maintenant la vie très dure aux Allemands, ce peuple des sentiments absolus, cela tient à leurs propres grands hommes. Il y a là trois fois un magnifique spectacle à contempler : c’est chaque fois un fleuve, si puissamment agité dans le lit qu’il s’est creusé lui-même que l’on pourrait croire souvent qu’il veut monter la montagne. Et pourtant, quel que soit le degré où l’on pousse son admiration, qui n’aimerait pas être, somme toute, d’une autre opinion que Schopenhauer ! Et qui aimerait partager maintenant, dans