Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/423

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
    423    

comme l’agneau dans l’homme,
rire en le déchirant —

Ceci, ceci est ta félicité !
La félicité d’un aigle et d’une panthère,
la félicité d’un poète et d’un fou ! »...

Dans l’air clarifié,
quand déjà le croissant de la lune
glisse ses rayons verts,
envieusement, parmi la pourpre du couchant :
— ennemi du jour,
glissant à chaque pas, furtivement,
devant les bosquets de roses,
jusqu’à ce qu’ils s’effondrent
pâles dans la nuit : —

ainsi je suis tombé moi-même jadis
de ma folie de vérité,
de mes désirs du jour,
fatigué du jour, malade de lumière,
— je suis tombé plus bas, vers le couchant et l’ombre :
par une vérité
brûlé et assoiffé :
— t’en souviens-tu, t’en souviens-tu, cœur chaud,
comme alors tu avais soif ? —
Que je sois banni
de toutes les vérités !
Fou seulement, poète seulement !



*
*           *